Maïna Sicard-Cras
Je suis arrivée au lycée Léon Blum directement en khâgne. Originaire de Douarnenez dans le Finistère, j’avais pris la décision de m’inscrire en hypokhâgne non loin de chez mes parents à Quimper. Après avoir longuement étudié toutes les classes prépa de France, je me suis aperçue qu’il était possible d’intégrer la khâgne de Léon Blum en n’ayant pas été en hypokhâgne spécialité histoire de l’art.
Mon témoignage
Le défi était fort pour moi. Il m’a fallu rattraper mon retard en histoire de l’art, mais avec du travail rien n’est insurmontable. Nous avions un avantage incroyable par rapport à d’autres classes : nous étions très peu nombreux (10 élèves dans cette spécialité). Nous avions la possibilité de nous promener dans les musées parisiens et d’assister à des colloques prestigieux.
J’ai passé deux années au lycée Léon Blum : une khâgne et une khube (concours 2014 et 2015).
Évidemment, comme tous les élèves de France qui font le choix d’intégrer une classe prépa j’ai énormément appris durant ces deux années, mais je pense que foncièrement ce qui fait la différence avec d’autres prépa, c’est que j’ai vécu à Léon Blum mes deux plus belles années universitaires.
Bien sûr le concours fait stresser, mais nous n’étions qu’une seule classe avec un esprit familial. Ensemble nous nous battions pour faire rayonner le lycée Léon Blum au concours. Il n’a jamais été question d’individualisme. De toute façon en prépa si l’on n’est pas solidaire on ne tient pas bien longtemps. Cela a d’ailleurs payé, chaque année nous avons intégré à l’ENS.
Si je n’étais clairement pas la meilleure de la classe (milieu de tableau), très vite les enseignants m’ont encouragée à m’améliorer dans un exercice que j’appréciais : les oraux. Il faut le savoir, la prépa est un univers certes classant mais la bienveillance des professeurs nous aide aussi à surmonter ces années.
Assez naturellement, au cours de ma khube, j’ai donc préparé les concours d’entrée aux écoles de journalisme. Le seul métier où la curiosité et les bavardages ne riment pas avec de vilains défauts. J’ai été admise à l’Ecole Supérieure du Journalisme de Paris en 2015/2016.
Grâce à la classe prépa et ma spécialité histoire des arts, j’ai pu obtenir de très beaux stages : La Grande librairie sur France 5 avec François Busnel et La Marche de l’histoire sur France Inter avec Jean Lebrun. Par la suite, je me suis orientée vers du journalisme radio (France Info) puis la TV en actualité nationale et régionale.
Depuis que je travaille dans les médias, je m’aperçois que nous sommes assez peu nombreux à venir de classes prépa. C’est un atout incroyable. Nous sommes immédiatement pris au sérieux et nous avons tous appris à développer cette capacité à être des personnes sérieuses et rigoureuses avec une méthode de travail. J’en veux pour preuve que j’appréhende tous mes reportages TV comme des questions de dissertation. Il me faut comprendre les termes du sujet, analyser le problème et par la suite l’expliquer et l’argumenter.
Aujourd'hui
Aujourd’hui je suis journaliste et présentatrice pour France Télévisions (France 3). En parallèle je suis inscrite en thèse d’histoire… Car oui… Lorsque l’on a aimé la stimulation intellectuelle de la prépa et la compétence de ses enseignants, il est assez difficile de ne plus disserter.
Cela fait déjà 5 ans que j’ai quitté la prépa Blum, mais je garde toujours une tendre affection pour ce lycée et pour ses enseignants. Moi, la petite bretonne et bretonnante qui n’avais jamais pris le métro avant d’entrer en khâgne, j’ai appris tellement en deux ans, je me suis fait mes meilleurs amies dans ce lycée que pour cela aussi je serai toujours redevable à cette belle classe de prépa.
PS : Avec du recul aujourd’hui je m’aperçois qu’une khôlle d’histoire de l’art sur “formes et couleurs du Moyen Âge à nos jours” face à un enseignant spécialiste de la question était bien plus stressante qu’une présentation de JT.